La Tunisie, confrontée à un environnement économique mondial incertain, voit néanmoins ses perspectives s’améliorer légèrement pour l’année 2025. Dans son dernier Bulletin de mise à jour économique, la Banque mondiale prévoit une progression du produit intérieur brut de l’ordre de 1,9% en hausse par rapport aux 1,4% estimés pour 2024. Cette reprise, encore fragile, repose notamment sur un retour à des conditions climatiques plus favorables et sur une stabilisation progressive des principaux secteurs productifs.
L’agriculture et le tourisme demeurent les piliers de cette relance, compensant en partie les difficultés persistantes du secteur manufacturier. D’ici 2026-2027, l’institution financière internationale anticipe un rythme de croissance avoisinant 1,6 à 1,7% sous réserve que les incertitudes liées au commerce mondial s’atténuent et que le pays engage une dynamique de réformes plus soutenue.
Le rapport accorde une attention particulière à la question de la connectivité commerciale, mettant en avant le potentiel stratégique du système portuaire tunisien. Selon les estimations, une amélioration ciblée des infrastructures maritimes et une réduction des délais logistiques pourraient générer une hausse du PIB comprise entre 4 et 5% sur trois à quatre ans. En atteignant les standards de connectivité de certains pays voisins, les gains pourraient atteindre 3,5% supplémentaires, tandis que la modernisation des procédures douanières et logistiques apporterait plus d’un point additionnel de croissance.
A plus long terme, ériger la Tunisie en hub régional du transbordement offrirait un levier économique majeur, susceptible d’ajouter entre 11 et 14% du PIB. Pour y parvenir, la Banque mondiale recommande un ensemble cohérent d’investissements et de réformes : construction de nouveaux terminaux, renouvellement des équipements portuaires, optimisations des accès ferroviaires, ajustement des tarifs et intégration accrue des systèmes numériques.
Sur le plan monétaire, les signes d’accalmie de l’inflation ont permis à la Banque centrale de Tunisie d’abaisser, pour la première fois en plus de deux ans, son taux directeur à 7,5 %. En avril 2025, l’inflation globale s’établissait à 5,6%, son plus bas niveau depuis 2021, tandis que les prix alimentaires affichaient une hausse contenue à 7,3% sous l’effet des variations saisonnières et de l’offre disponible.
Les indicateurs extérieurs montrent, eux aussi, des évolutions contrastées. Le déficit courant s’est réduit à 1,7% du PIB en 2024 grâce à des termes de l’échange plus favorables et à la robustesse des recettes touristiques. En revanche, la progression des exportations au début de 2025 ont pesé sur la balance commerciale. Sur le front budgétaire, le déficit a reculé à 5,8% du PIB, résultat d’un meilleur contrôle des dépenses et d’une stabilité des subventions.